La mode comme différenciation sociale : dynamique d'imitation et de distinction
a – Imitation :
Gabriel de Tarde et Emile Durkheim, deux sociologues du XIX siècle, développent une sociologie de l’imitation-mode. Cependant, leurs idéologies sont différentes.
En effet, Durkheim met en avant l’idée que la société est un ensemble moderne qui a une vie propre indépendamment des individus qui la constituent. Tandis que Tarde ne souscrivant pas à cette conception, considère que la société n’est jamais qu’une addition et une association d’individus et quand on cherche à dire ce qui la définit, on ne peut que retenir l’imitation.
Dans Les lois de l’imitation (1890) Tarde insiste tout d’abord sur le fait que ce sont les classes inférieures qui copient les classes supérieures concernant les vêtements, de manières, de vices, etc … Puis, il remarque que c’est l’individu dit « supérieur » qui est copié et non inversement. Cet individu, de manière générale ou dans un domaine spécial selon les types de sociétés considérées, est toujours copié par les autres ou dans le domaine en question. Par ailleurs, Tarde estime que dans les sociétés contemporaines aucun individu n’imite un autre. Cependant, celui qu’on imiterait serait lui-même l’imitateur de l’un de ses copieurs. C’est à dire, individu A qui imite individu B, individu B imitateur de individu A, et ainsi de suite. Cette imitation-mode s’applique spécifiquement à l’habillement qui est un secteur révélant « les besoins de luxe » qui d’après Tarde, l’emportent toujours sur les besoins primaires. Cet apparent paradoxe est illustré notamment par un autre sociologue de son temps.